Négociations commerciales : le bio sous pression
Selon un observatoire des négociations commerciales lancées par le Synabio, auprès des fournisseurs bio, la grande distribution exerce une forte pression sur les entreprises et réclament des baisses de tarifs alors que les matières premières augmentent.
Camille Harel
\ 11h33
Camille Harel
Le bio est au cœur de la stratégie des enseignes de la grande distribution. En 2018, le chiffre d’affaires du bio en GMS a dépassé les 4,5 milliards d’euros. Et les ambitions sont importantes : Leclerc envisage de doubler son chiffre d’affaires sur ce secteur d’ici 2022 et Carrefour de le quadrupler.
Mais selon l’observatoire des négociations commerciales du Synabio, lancé en décembre 2018 auprès des fournisseurs bio afin de veiller à l’équilibre des négociations avec les enseignes de la grande distribution, la pression est de plus en plus forte. Déjà sur les tarifs. 28 % des entreprises bio se voient réclamer une baisse de prix avant toute discussion. Après les premières négociations, l’indicateur monte à 40 %. Une situation compliquée d’autant que le prix des matières premières augmente.
Ne pas commettre les mêmes erreurs que le conventionnel
A cela s’ajoute les pénalités imposées par la distribution en cas de retard ou de rupture d’approvisionnement, jugées excessives pour la moitié des répondants. Pour les filières bio, l’ajustement de l’offre à la demande est moins automatique que pour les filières conventionnelles car elles dépendent davantage des aléas climatiques. En imposant aux fournisseurs de lourdes pénalités, les distributeurs nuisent au développement de l’offre bio. « Nous appelons la grande distribution à tenir compte des hausses des prix des matières premières bio en accord avec les engagements pris lors des Etats généraux de l’alimentation. Comme le rappelait Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture, il faut éviter pour le bio la guerre des prix qui a tant nui au secteur agroalimentaire français », indique Jean-Marc Levêque, président du Synabio, qui regroupe 200 entreprises du bio pour un chiffre d’affaires cumulé de 3,4 milliards d’euros. Afin de réussir la transition alimentaire et développer les filières bio françaises, le syndicat souhaite construire une nouvelle relation de confiance entre l’ensemble des acteurs, basée sur le respect des engagements vis-à-vis des fournisseurs.